Depuis plus d’un demi-siècle, le peintre Mehmet Güleryüz est à l’avant-garde de la scène artistique contemporaine turque. Sa démarche ne recherche ni la beauté ni le spectacle, il interroge simplement le monde et ses contemporains en scrutant nos émotions. Son art révèle une spontanéité issue de son expérience théâtrale. Il achève ses toiles d’une traite, sans croquis ni idées préliminaires, cherchant l’inattendu. En 2019, il s’installe dans un nouvel atelier parisien, où il réalise plus de deux cents peintures et un millier de dessins. Diverses restrictions liées au Covid-19 ont fortement influencé sa création. « C’est comme le journal d’un enfant confiné », explique l’artiste. Les oeuvres ont été présentées lors de l’exposition « Quai aux fleurs », faisant référence aux lieux où ses dernières oeuvres ont été créées. Celles-ci abordent deux thèmes : l’eau et les couples. Source de vie et force indomptable, l’eau semble être porteuse de menaces perçues ou de catastrophes en cours que l’on devine à son rôle. Mehmet Güleryüz a certes évoqué le risque de tsunami menaçant sa ville natale d’Istanbul.
Pour les œuvres montrant des scènes de couples, il ne s’agit pas seulement d’une incompréhension du rapport entre hommes et femmes, mais d’une figure archétypale d’un rapport aux autres et au monde, rapport souvent miné par l’égocentrisme et la volonté dominante. L’artiste de 83 ans nous inquiète, nous séduit, nous fascine. Malgré son fond sombre, il nous livre un message d’espoir, nous invitant à briser les frontières artificielles et à surmonter l’opposition, la rivalité, la hiérarchie et la compétition pour nous réconcilier. galerieguernieri.com
